e s t é r e l - 3
l'exemple du parc du yellowstone
un jardin secret
le feu du magma
au temps des Oxubii
un travail de romain
les mystiques au désert
un repaire de brigands
le débarquement de 1944
le barrage de malpasset
tintin et l'île d'or
un travail de romain
Fréjus, Forum Julii
- littéralement, la place (publique) de Jules - a
été fondée en 49 av. JC par Jules César.
A St. Raphaël les Romains ont bâti un quartier résidentiel
nommé Epulias. L'occupation a donné lieu à
l'édification de plusieurs ouvrages architecturaux à
Fréjus. Parmi eux, l'enceinte de la ville, l'amphithéatre,
le théatre, les thermes. J'ai tourné toute une
journée dans et autour de l'amphithéatre sans pouvoir
y trouver une photo présentable à faire. Il faut
savoir qu'il n'a été totalement dégagé
que depuis les années 1960 (suite à la rupture
du barrage de Malpasset) et qu'on y donne un spectacle de corridas depuis le XIXème
siècle. A l'intérieur, autour de l'arène,
on a cru bon de dresser des palissades protectrices de couleur
rouge ... boucherie. Le tunnel à guillotine qui conduit
les animaux du camion à ... l'abattoir est également
rouge-boucherie. Comble de l'hérésie : comme l'édifice
est branlant et qu'il ne peut manifestement pas supporter le
poids et les dégradations de milliers d'aficionados
surexcités on l'a renforcé avec des moyens de pacotille,
étais par-ci, échaffaudages par-là, hâtifs
replâtrages de béton un peu partout, qui donnent
une impression de chantier perpétuellement inachevé.
Que font les pouvoirs publics, les monuments historiques ? Cet
édifice ne devrait-il pas être protégé,
proprement restauré et rendu à sa vocation première,
celle d'un vestige archéologique qui a survécu
à 2000 ans d'histoire ? Ne peut-on pas aller abattre ces
pauvres taureaux à l'extérieur de la ville ? La
recette de la feria y serait sans doute moins juteuse
...
Une construction romaine m'a
particulièrement touché. Loin de la ville, elle
se développe en pleine nature dans toute sa majesté.
On peut l'apprécier tranquillement, sentir ses vibrations,
remonter loin dans le temps. Il s'agit de l'acqueduc qui ravitaillait
Fréjus en eau potable dans l'antiquité. Les Romains
sont allés capter l'eau aux sources de la Siagnole, à
Mons (la montagne, en latin) dans le haut var à
520 m. d'altitude. L'ouvrage s'étale sur 40 km avec une
pente moyenne de 1,2 cm. par mètre.
222
La construction tantôt
aérienne, tantôt souterraine, enjambe plusieurs
vallées sur des ponts-acqueducs. Certains sont difficiles
à trouver, car la vue ne porte pas loin dans cet environnement
où la végétation sauvage a tout recouvert.
J'ai essayé d'en suivre le parcours, à partir du
Nord de Fréjus et des arches du Gargalon sous lesquelles
passe la route D.637.
223
A l'instinct, en me fiant à la configuration
du terrain, en essayant de raisonner comme avaient dû le
faire les Romains à l'époque, quelle ne fut pas
mon émotion lorsque dans un creux de vallée - à
la Moutte - je tombais sur un ensemble de cinq arches que j'aurais
pu rater tant elles étaient enfouies dans la végétation.
Il est même possible de traverser le vallon en marchant
au fond du canal antique. Plus au Nord, vers Mons, c'est la roche
qu'il a fallu entailler sur plus de 20 m. de profondeur et 50
m. de long pour que l'eau puisse s'écouler en pente douce,
au lieu-dit de "la roche taillée".
En examinant ces ouvrages, en
laissant ma main épouser les roches creusées, les
pierres taillées une à une, je me suis pris à
rêver, à essayer d'imaginer la vie qui devait régner
en ces lieux, il y a 2000 ans. Il est commun de dire que ce sont
les Romains qui ont réalisé ces ouvrages ... Qui
taillait les pierres, qui conduisait les boeufs tirant les blocs
jusqu'à ce qu'il soient scellés en place, qui construisait
les échaffaudages, qui ahanait sur les cordages en faisant
grincer les poulies ? Les Romains ? Assurément pas. Les
Romains étaient les maîtres d'oeuvre, ils dépliaient
les plans, ils prenaient les côtes, ils faisaient couler
de l'eau pour vérifier la conformité de la pente,
ils donnaient les ordres, encadrés par les légionnaires
chargés de faire exécuter le travail. A qui ? Aux
ouvriers qu'ils avaient recrutés sur place : les Gaulois.
Combien de Gaulois ont travaillé sur ces chantiers ? Combien
s'y sont estropiés, y ont perdu une main, une jambe ?
Combien ont été affalés sur des carioles
démantibulées et rendus, sans vie, à leurs
épouses ? Pour une poignée de gros sel ! Le maigre
salaire d'une journée de travail. Sur l'un des
ponts on a retrouvé une pierre sculptée représentant
le buste d'un légionnaire. Peut-être y a-t-il laissé
la vie ? On n'a pas retrouvé de pierre sculptée
à l'effigie d'un Gaulois. Autre chose encore m'est apparu
au cours de ces journées passées à essayer
de reconstituer l'histoire de ces arches perdues. Toutes ces
constructions monumentales étaient faites pour durer,
tous ces efforts qui ont demandé des années de
travail attestent de la volonté romaine bien enracinée
de rester définitivement en Gaule. Ceci peut paraître
évident mais cela ne l'était pas pour moi qui ai
toujours vu l'occupation romaine comme quelque chose de passager.
Autre haut-lieu de l'Estérel,
imprégné d'histoire et de magie que j'aime particulièrement
: la meulerie de Bagnols-en-forêt, située dans la
montagne au col de la Pierre du Coucou. A cet endroit, depuis
la plus haute antiquité - l'âge du fer - les hommes
sont venus tailler des meules pour leurs moulins à huile
et à céréales. La taille a dû se prolonger
jusqu'au XVIII ème siècle, avec une interruption
de près d'un siècle à partir de 1393, date
à laquelle toute vie a cessé dans la région
suite aux épidémies meurtrières et aux bandes
de brigands qui ont décimé les survivants. Des
meules de ryolithe de l'Estérel ont été
retrouvées dans l'épave d'un bateau coulé par
50 m de fond dans la rade d'Agay. Ce bateau de type sarrasin
appartiendrait au Califat andalou de Cordoue et daterait du X
ème siècle de notre ère.
Je me suis longuement attardé
sur ces meules abandonnées alors qu'elles étaient
quasiment dégagées de leur gangue de rhyolite.
Quel danger soudain a menacé ces tailleurs de pierre pour
les contraindre à la fuite et quel destin tragique les
a empêchés de revenir achever leur travail ? J'ai
essayé de reconstituer les difficultés du travail,
au temps où la taillerie était prospère.
Le lieu d'extraction étant situé en hauteur, les
lourdes meules une fois taillées devaient être descendues,
sans être cassées, par un étroit chemin escarpé
jusqu'au Col, probablement tirées sur des traineaux de
bois. Ensuite, elles devaient être chargées sur
des charriots conduits par des bêtes jusqu'au village de
Bagnols-en-forêt. Je me suis rendu
plusieurs fois sur le site. Au détour du chemin qui grimpe
du petit cimetière à la taillerie je suis un jour
tombé sur trois personnages étranges. Trois chasseurs
qui avaient dépassé, de loin, l'âge - canonique
- de la retraite, postés en plein milieu du chemin, dans
le plus grand silence. L'un d'eux était tellement âgé,
recroquevillé sur son fusil à deux coups, que j'avais
l'impression qu'il ne tenait pas son arme mais plutôt qu'il
s'accrochait à elle pour ne pas tomber. Les autres paraissaient
un peu plus valides, mais guère beaucoup plus. On entendait
un chien farfouiller dans le fourré vers le haut de la
colline. Avant cette rencontre, j'avais toujours trouvé
que l'endroit avait un je ne sais quoi d'inquiètant, et
ce que l'on soit en période de chasse ou non. Peut-être
parceque hormis au plus haut, là où se trouvent
les meules, la vue ne porte pas loin et que malgré soi
on redoute toujours de se trouver nez-à-nez avec les fantômes
du passé.
les mystiques au désert
La
tradition chrétienne veut que certains disciples du Christ
aient acosté en Provence dès l'an 62. Marie Jacobé,
Marie Salomé, Sarah leur servante, Marie Madeleine, Marthe,
Marcelle, Lazare le ressuscité, Sidoine, Maximin, Ruf,
Cléone et Joseph d'Arimathie étaient jetés
dans une barque dépourvue de gouvernail. Après
avoir dérivé à travers la Méditerrannée,
ils abordaient aux embouchures du Rhône. Lazare allait
prêcher à Marseille, Maximin et Sidoine à
Aix, Cléone venait à Toulon et Marie Madeleine
se retirait à la Sainte Baume, à l'Est de Marseille.
L'Estérel n'a pas voulu être en reste. Ses roches
rouges abritent de nombreuses grottes que les hommes ont occupé
depuis la préhistoire. L'une d'elle est réputée
avoir recueilli Marie Madeleine dans le massif du Pic du Cap
Roux. Une source d'eau bien fraîche sourd du rocher à
peu de distance, ce qui rend la vie envisageable, même
au plus chaud de l'été. Un culte lui est rendu
sur place, une fois par an. Des pélerins conduits par
cars entiers viennent y célébrer une messe.
En
empruntant le chemin qui grimpe dans le rocher vers le Saint
Pilon on arrive à la grotte que Saint Honorat a occupé
au IV ème siècle. Vraisemblablement l'ermite allait
chercher son eau à la source de la Sainte Baume de Marie-Madeleine.
Raymond Féraud, poète niçois du XIII ème
siècle raconte son épopée avec un enthousiasme
lyrique (La vida de Sant Honorat). Parti de Gaule avec
son frère Venance pour se rendre en Égypte puis
en Terre Sainte Honorat embarque à Marseille et remarque,
en passant, les îles de Lérins. Arrivés en
Grèce, Venance meurt. Honorat revient en Provence et se
présente à Saint-Léonce, évêque
de Fréjus. Celui-ci lui indique une caverne dans l'Estérel
où il pourra mener une vie de calme et de prière,
selon son voeu. (Quelques siècles plus tard, l'église
qui a aménagé le lieu en chapelle fera maçonner
la porte de la grotte en pierres de taille). Il y vit simplement
quelques années, se nourrissant de racines et de fruits.
Mais de trop nombreux pélerins viennent lui demander des
conseils d'ordre spirituel.
Cela
dérange sa quète de paix intérieure. Après
s'être retiré quelques temps au Thoronet, il juge
l'endroit encore trop fréquenté à son goût
et s'exile dans la plus lointaine des deux îles qu'il avait
remarqué avec son frère en partance pour l'Egypte
: Léro. Quelques compagnons, dont Caprais, l'accompagnent
dans cette aventure. L'île était réputée
inhabitable, car infestée de serpents. En quelques années
ils la transformeront en un jardin paradisiaque. En 427, selon
Cassien, la communauté était devenue un "immense
monastère" qui se developpa plus tard en une importante
et riche abbaye dont la propriété foncière
englobait entre autres Cannes et les îles d'Hyères.
Le monastère fortifié que l'on peut voir aujourd'hui
au sud de l'île date de 1073. Malgré une architecture
militaire son double cloître superposé et son scriptorium
ont été conservés.
Cette
tradition de l'érémitisme est vivace dans l'Estérel.
On y trouve de nombreuses grottes qui peuvent constituer un habitat
naturel aproprié. La mansuétude du climat, la beauté
des sites (vue mer imprenable, le plus souvent), la modicité
des loyers (quelques heures de marche hebdomadaires pour monter
sa subsistance) ont incité plus d'un solitaire à
tenter l'aventure. J'ai trouvé plusieurs de ces grottes,
la plupart abandonnées, certaines sommairement occupées
: une couche, une théière, une musette, le tout
posé bien en évidence à l'entrée
de la grotte pour signifier son état d'occupation aux
curieux et visiteurs. Dans mes diverses pérégrinations
je n'ai jamais rencontré aucun de ces ermites-vagabonds.
Peut-être se cachaient-ils en m'entendant monter ? J'avoue
n'avoir jamais trop approfondi mes visites de grottes occupées,
par respect pour eux et peut-être aussi un peu par crainte
- inavouée - de me trouver en face d'êtres, en marge
de la société, aux antipodes de notre logique ...
Guy de Maupassant a écrit une nouvelle intitulée
"l'Ermite" qui se passe dans l'Estérel. "La
vue, de là, est admirable, écrit-il. C'est,
à droite, l'Estérel aux sommets pointus, étrangement
découpé, puis la mer démesurée, s'allongeant
jusqu'aux côtes lointaines de l'Italie, avec ses caps nombreux
et, en face de Cannes, les îles de Lérins, vertes
et plates, qui semblent flotter et dont la dernière présente
vers le large un haut et vieux château fort à tours
crénelées, bâti dans les flots mêmes."
L'écrivain y raconte l'histoire d'un homme venu passer
le restant de ses jours en ces lieux désolés suite
à un inceste commis par ignorance. Parisien, amateur de
jeunes femmes, le personnage apprend que la jeune fille dont
il vient de partager la couche n'est autre que sa propre fille,
dont il avait perdu la trace depuis sa naissance.
Au
coeur du massif de la montagne de Roquebrune, un ermite moderne,
Frère Antoine, moine cistercien, a occupé pendant
une trentaine d'années tout un chapelet de grottes qu'il
a magnifiquement amenagées avec simplicité et respect
du site. Lorsque je me suis intéressé au lieu,
il l'avait quitté un ou deux ans auparavant pour aller
se retirer dans un monastère, disait-on. Je ne l'ai donc
pas connu. Cependant, ces grottes étant devenues un objet
de randonnée pour nombre de visiteurs, voire de dévotion
pour certains, j'ai eu l'occasion de rencontrer des promeneurs
l'ayant cotoyé. Devenu une véritable légende
vivante dans les environs, chacun s'était fait un plaisir
de lui monter quelques vivres, en échange d'un aphorisme
décapant dont il avait le secret. Vous me montez du
vin pollué de la ville ... assénait-il à
un couple, en lui servant une généreuse rasade
de ce vin dans la timbale unique, celle dont il régalait
tout promeneur assoiffé.

Aux
enfants d'une petite famille génée, Antoine - "du
Rocher", comme il se désignait - offrait un paquet
de biscuits. Si, si prenez; les gens m'en montent tellement
que j'en ai jusqu'à la fin de mes jours ! Auteur de
plusieurs livres, les équipes de télévision
avaient fait le déplacement jusqu'à ses grottes.
Lui, aller à Paris pour parler de son dernier livre à
Apostrophes ? Jamais. Bernard Pivot était donc
monté sur la montagne pour réaliser l'entretien
(quelques années plus tard, en 2003, il était
invité par J.L. Delarue dans son émission Ca
se discute, sur France 2.). Deux phrases
me restent de lui. A un petit enfant de 8 ans à qui il
demande ce qu'il veut faire plus tard et qui répond :
ch'ais pas; l'ermite - songeur - réplique : ben
moi, tu vois, j'ai 80 ans et je ne sais toujours pas ce que je
vais faire plus tard. Et cette autre, d'une profonde sagesse,
piochée dans un de ses livres : l'animal emblématique
du cosmomoine (dénomination dont l'ermite se qualifie),
c'est l'araignée ! Il tend sa toile et il attend ...
Je suis monté plusieurs
fois sur le site et j'ai été frappé, à
chaque nouvelle visite, par la détérioration naturelle
du lieu abandonné mais aussi par les dégradations
humaines infligées aux modestes aménagements. D'une
semaine à l'autre, la vaisselle - conservée intacte
jusqu'alors - et les vitres étaient cassées. Nul
doute que peu à peu l'endroit retournera à l'état
de nature. Ce que n'aurait probablement pas désavoué
Frère Antoine lui-même, si peu attaché aux
choses matérielles. Mes photos sont comme un lot de consolation
: elles ont tenté d'en fixer l'esprit dans la durée,
pour notre mémoire.
Frère Antoine, le moine-ermite (à
droite). Photo Editions ALTESS
Le retour de l'ermite
Juin 2006 : une internaute, Karhuna, m'écrit que,
Swami Chandra que l'on voit sur la photo aux côtés
de Frère Antoine, voyant les dégats infligés
à sa grotte est venu avec une équipe de fidèles
pour tout remettre en état. Frère Antoine est donc
maintenant à nouveau installé dans ses murs, dans
sa grotte de Roquebrune. Il a beaucoup de projets, il parle d'un
nouveau voyage en Inde, etc. Il a donc quitté la maisonnette
de Corse du sud que des amis avaient mise à sa disposition
depuis plusieurs années (2003).
Mistral, dans Calendal,
donne vie à une mystérieuse fée Esterelle
qui parcourt ces espaces désertiques : Esterelle, âpre
ennemie - de l'homme, hantant les lieux incultes, - se couronnant
d'orties, - défendant le désert contre les défricheurs.
Il en fait, lui aussi, l'habitante d'une de ces nombreuses grottes
: La roche baille tout à coup : - par une rampe taillée
dans ses entrailles - ils descendent tous deux et se trouvent
bientôt - sous l'étrange voussure - d'une petite
grotte. En stalactites - là pleurant perle à perle,
- la voûte rappelle un temple orné de bas-reliefs.
- Voilà, fait-elle en souriant, - ami, le palais d'Esterelle."
Une note du traducteur du texte provençal, Pierre Rollet,
précise que suivant la tradition du pays, la région
était autrefois le séjour d'une fée appelée
Esterelle, qui lui a donné son nom. "Selon les actes
de St. Armentaire - ajoute-t-il - on lui offrait des sacrifices,
et elle donnait aux femme stériles des breuvages qui avaient
la vertu de les rendre fécondes". Cette légende
souligne encore la connotation stérilité-
sterilis - estérel attachée à
ces lieux depuis les temps les plus reculés.
Des hardes de sangliers levant le groin, - tu les aurais
vu grimper aux mamelons - de la Napoule, ou se vautrer tout ruisselants
- sur la grève aux bruyants galets - et ensuite courir
vers Esterelle - qui leur jette les pommes des pins - et du rouge
Estérel leur prodigue les glands. F.Mistral. Calendal
(1866)
Le mystère et le
mysticisme qui régnaient en ces lieux ont trouvé
un echo dans la ferveur populaire. Des petits joyaux de l'art
chrétien ont vu le jour. Parmi eux, quatre chapelles doivent
être retenues : St Denis(1) et la chapelle Notre-Dame(2)
à Bagnols en forêt, la chapelle de Pennafort(3)
au nord du Muy et Notre-Dame de la Roquette(4) sur le rocher
de Roquebrune.
(1). ....(2) .....(3) .....(4)
La chapelle St. Denis
de Bagnols en forêt était une petite merveille de
l'art roman jusqu'en 1999, date à laquelle elle a été
bardée d'échaffaudages et restaurée en dépit
du bon sens. J'ai eu la chance de pouvoir la photographier dans
son état initial, notamment l'abside semi circulaire en
pierres apparentes qui datait du XI ème siècle.
224
Aujourd'hui, St. Denis
n'a plus du tout cet aspect, et j'aurais honte à la présenter
ici. Elle a été entièrement recouverte d'un
crépi moderne qui lui donne l'apparence d'un "mas"
copie d'ancien et les pierres d'origine ne sont plus du tout
visibles. La toiture a été refaite en lauzes, ce
qui n'est certes pas du plus mauvais goût, mais qui change
sa couleur d'ensemble. Devant les cyprès de gauche un
panneau a été fièrement planté pour
rappeler aux visiteurs le financement du Conseil Général
... A l'intérieur, le choeur est décoré
de fresques remontant à la fin du XVI ème siècle.
Je comprends bien qu'il ait fallu les protéger de l'humidité,
mais les Monuments Historiques auraient dû conduire cette
restauration avec un peu plus de circonspection artistique.
La chapelle de Pennafort
(assez difficile à trouver tant elle est envahie par la
végétation) est fantastique. J'aime tout en elle
: la nature qui gagne chaque année un peu plus de terrain
sur elle et son architecture complètement surréelle
avec sa coupole gréco-byzantine dont l'origine demeure
mystérieuse.
Elle est issue d'une ancienne
communauté médiévale réhabilitée
en 1857. La vierge honorée dans cette chapelle fait toujours
l'objet d'un pélerinage le lundi de Pentecôte de
la part des habitants de Callas, le village voisin. A côté
de la chapelle se trouvent les ruines d'une tour sarrasine (tour
carrée par opposition aux tours circulaires dites génoises).
L'étrange dôme de la chapelle peut être dû
à un artisan originaire de Grèce ou de Turquie.
Mosquée
Sainte-Sophie à Istanbul et ses coupoles qui ont pu inspirer
Pennafort (photo Videon Ltd.)
Au pied du Rocher de Roquebrune,
on trouve la petite chapelle de ND de la Roquette qui date du
XVII ème siècle. Elle a été reconstruite
sur les restes du couvent des Trinitaires datant du XII ème
siècle. Son état d'abandon est lamentable : toiture
éventrée, tags, dégradations diverses ...
La construction est mangée par la végétation,
aussi le seul point le plus haut pour la photographier idéalement
se trouve être sur l'autoroute (Aix-Nice). Ne pouvant m'arrêter
sur la bande d'arrêt d'urgence pour opérer, je suis
donc venu un matin, tôt, par la petite route qui longe
l'autoroute au pied du talus. J'ai allègrement franchi
le grillage de 2 m. de haut puis, me retrouvant sur le domaine
d'Escota (la société d'autoroute), posté
à deux doigts de la glissière de sécurité,
j'ai attendu que la lumière veuille bien se mettre de
la partie. Avant d'appuyer sur le déclencheur il m'a fallu
attendre l'intervalle entre deux camions, le déplacement
d'air occasionné par ces mastodontes manquant de faire
envoler mon matériel - trépied et tout le reste
- sur leur passage. Tandis que j'attendais, une camionnette est
venue se garer sur la petite route, en contre-bas. Un homme en
est sorti. Pensant qu'il s'agissait de quelqu'un d'Escota,
je me suis fait tout petit. L'homme a récupéré
les poubelles du petit parking qui se trouve à cet endroit
et a fini par me repérer. S'en est suivi un dialogue assez
cocasse, lui d'un côté du grillage, moi de l'autre
: - Qu'est-ce que vous faites-là ? - Je photographie.
- Qu'est-ce que vous photographiez ? - La chapelle. - Vous photographiez
la chapelle, là ? On ne dirait pas. (Moi, un peu agacé,
mais ne sachant à qui j'avais affaire : ) - Venez voir,
je ne touche à rien (l'appareil était fixé
sur le trépied). L'homme passe le grillage et vient coller
son oeil au viseur. - Hmm ... bon. (Intrigué par
tout ce mystère, je lui demande : ) - Qu'est-ce qu'il
y a ici, c'est une zone stratégique, militaire, il y a
un secret-défense ? (Et l'homme de me répondre
: ) - Non ce n'est pas une zone militaire, mais cette montagne
elle est à nous, nous sommes plusieurs propriétaires-paysans
qui possédons le Rocher de Roquebrune, et on en a marre,
les gens viennent de partout dans le monde, ils font des photos,
là-haut il y a des oiseaux très rares, ils font
des bouquins, ils gagnent de l'argent sur notre dos, et nous
... rien. - Moi je ne photographie pas les oiseaux, je photographie
la chapelle. - Ca, la chapelle elle n'est pas à nous ...
elle appartient à la commune de Roquebrune sur Argens,
finit par lâcher l'homme, comme à contre-coeur.
La
Chapelle N.D de la Roquette à Roquebrune (avec, en fond,
les rochers qui appartiennent au Monsieur ...)
l'exemple du parc du yellowstone
un jardin secret
le feu du magma
au temps des Oxubii
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les mystiques au désert
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le débarquement de 1944
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